Le défi des prébonsaïs

Par David Easterbrook

Lors de mes nombreux voyages à travers l’Amérique du Nord afin d’enseigner l’art du bonsaï, j’ai rarement eu à diriger un atelier sans que les participants aient à apporter leurs propres végétaux. Pourtant, à la SBPM, lors des quelques fois où on a proposé un atelier « apporter votre propre prébonsaï », nous avons dû accepter de faire des ateliers avec un nombre restreint de participants en raison du faible taux d’inscriptions.

Cet article veut servir de sonnette d’alarme !
Finie l’époque où nous nourrissions nos membres au biberon !
C’est maintenant le temps du sevrage !

Notre société a atteint une certaine maturité ; ceci implique que, de plus en plus, nos membres seront obligés d’apporter leurs propres arbres aux activités.

Il semble que plusieurs bonsaïstes amateurs soient intimidés par les arbres « monstres » travaillés par les experts lors des démonstrations. Il ne faut toutefois pas être gêné d’apporter un arbre « ordinaire » ! Après tout, l’expert est là pour vous aider à améliorer votre arbre. Même les grands maîtres ont commencé par de petits arbres, de moindre valeur. Il suffit de trouver un arbre dont la taille du tronc est suffisante et portant assez de branches pour qu’il soit possible d’en enlever quelques-unes.

Il existe trois façons de se procurer des arbres appropriés :

La première consiste à acheter un prébonsaï de qualité provenant d’une pépinière de bonsaï. Grâce à des années de soins prodigués par un expert, cet arbre peut cependant valoir cher : le prix augmente selon l’âge et la qualité des végétaux.

La deuxième façon d’acquérir des végétaux est le yamadori ou prélèvement dans la nature. Ceci ne nécessite pas de safaris dans des régions périlleuses, ni d’escalader des falaises et des montagnes vertigineuses, accompagné d’un sherpa. Vous pourriez trouver des arbres tout à fait acceptables en explorant des terrains vacants, des jardins ou des vergers abandonnés, des rives de rivières ou lacs laurentiens, des carrières de sable ou de gravier, ou encore des tourbières.

La dernière solution est l’acquisition d’arbres auprès de pépinières et de centres de jardin. Ceci peut nécessiter quelques années de plus de travail, puisque ces arbres ne sont pas prêts à être transformés immédiatement en bonsaï. Dans le cas des arbres à feuilles caduques, il faut souvent éliminer les grosses branches poussant vers le haut. Les nouvelles pousses qui apparaissent à la base des branches écourtées sont ensuite dirigées vers le bas et courbées à l’aide de fil. Bien sûr, au moment approprié, la motte doit être réduite et les racines étalées dans un gros pot ou une boîte de bois.

Dans le cas des conifères, il est préférable de choisir un spécimen ayant un tronc de taille imposante. Le surplus de branches est éliminé et toutes les branches qui sont trop longues sont raccourcies. Lorsque la saison d’empotage arrive, il faut réduire la motte de moitié. Il est également conseillé de faire quelques ouvertures en pointes de tarte jusqu’au tronc. L’arbre est ensuite rempoté dans un pot ou une boîte de bois plus grande en rajoutant du substrat de bonsaï, bien aéré en dessous et autour des racines. Finalement, il faudra remplir du même type de substrat les ouvertures entre les racines.

L’arbre doit par la suite récupérer de ces interventions pendant un an ou deux avant de l’apporter à un atelier. Il faut toujours s’assurer de la stabilité de l’arbre dans le sol avant de lui prodiguer la moindre intervention subséquente. Si, le tronc bouge le moindrement dans le sol, il faut le rattacher dans son contenant à l’aide de fil ou d’attaches disposés tout autour du tronc.

N’oubliez pas : Rome n’a pas été construite en un jour !

Prenez le temps de bien choisir vos prébonsaïs et de bien les cultiver jusqu’à ce qu’ils soient en bonne santé. Vos efforts seront couronnés de succès et vous aurez l’orgueil d’avoir votre propre matériel déjà disponible pour une belle collection de bonsaïs transformés grâce à votre expertise.

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