Ce que m’apprend aujourd’hui.

Qui suis-je pour me permettre de vous soumettre ces quelques mots? 

Quel privilège m’est accordé pour m’adresser à vous en cette période difficile?

Ce privilège, je le dois à la S.B.P.M., qui m’a si gentiment transmis cette invitation.

J’ai soixante-dix-neuf ans, bientôt quatre-vingts dans quelques jours. Étant donc dans le contexte actuel une personne à risque, c’est avec humilité que je vous offre une réflexion sur notre aujourd’hui.

J’ai accepté d’être confiné comme les autorités nous le demandent, avec diligence, avec humour, sachant que si nous faisons ce que l’on doit faire aujourd’hui, ça passera.  Comme l’a si bien dit Gilles Vigneault : « La pandémie va sacrer le camp ».

C’est un moment idéal de réflexion, mais sur quoi?  Sur ce que l’on est devenu comme société, ce que nous faisons sur cette terre et comment nous le faisons.  Devons-nous être fiers de nos agissements, de nos réalisations?  Vos réponses sont aussi bonnes que les miennes.  Des fois, je me dis que nous ne méritons pas cette terre pour tout ce qu’elle fait pour nous.

Je suis convaincu que cela va nous apprendre quelque chose. Souvent les évènements qui nous affligent nous apprennent à aller vers la bienveillance pour nous et pour les autres; la compassion vient nous habiter ainsi que l’autre et alors, tout ça fait de nous de meilleurs humains créant un monde meilleur où vivre et plus heureux.

Si on arrive à rêver encore et toujours, rêver le possible, on ne s’ennuiera plus, parce que l’ennui n’est pas un bon compagnon.  Si on arrête d’ennuyer les autres en parlant moins, en écoutant plus, la différence sera notable.

Loin de moi l’idée d’être moralisateur, je souhaite seulement partager avec vous, gens du bonsaï, quelques pensées. J’ai passé vingt ans avec vous à vouloir apprendre de tout et du bonsaï, à apprendre de vous tout ce qui m’était offert, juste pour être bien. 

Ne sombrez pas dans la peur, peur de nous, peur de mourir, peur de revenir en arrière.  La peur nous fige, nous rend inertes donc incapables d’agir.  Retournez à ce que vous faites le mieux, vos bonsaïs et soyez attentifs à ce qu’ils vous enseigneront pour l’avenir, entre autres le respect de la nature et bien plus, une vie meilleure.

Il y a un pendant, il aura un après, mais pour le moment restons dans le pendant, dans la joie, dans la paix.  Le reste suivra dès que possible, dès que vous aurez fait ce qu’il faut faire parce que c’est la seule chose à faire aujourd’hui.

Ce vieux moine bouddhiste qui m’habite depuis fort longtemps m’a dit ce matin : demeure toi-même, reste humble.  Prends soin de la terre comme de toi-même, quitte à passer pour un vieux fou!

 

Jean-Guy Arpin

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