Fiche technique – Orme de Chine

Orme de Chine

Famille : Ulmaceae.
Nom botanique : Ulmus parvifolia.
Nom français : Orme de Chine, orme chinois.
Nom anglais : Chinese elm, Lacebarck elm.

Description

L’orme de Chine est un arbre dont la croissance est rapide. Il peut atteindre de 15 à 25 mètres. Dans des conditions idéales, il peut atteindre la moitié de sa hauteur maximale en cinq ou six ans. Il présente une forme gracieuse, au feuillage bien fourni; ses jeunes ramilles délicates retombent légèrement vers le bas. La cime est arrondie.

Les petites feuilles de cet arbre sont ovales ou elliptiques et mesurent entre 20 et 65 mm de long. La face supérieure des feuilles est vert foncé et luisante, la face inférieure est plus pâle et pubescente chez le jeune arbre. Les couleurs automnales du feuillage ne sont pas très voyantes, allant d’un jaune terne au rouge vin.

Les jeunes ramilles sont très minces et délicates. L’écorce constitue l’aspect le plus spectaculaire de l’orme de Chine : elle s’exfolie en plaquettes irrégulières et devient éventuellement bigarrée.

Les fleurs sont peu apparentes et apparaissent vers la fin de l’été ou tôt à l’automne. Les graines sont habituellement très nombreuses et ressemblent à des petits disques. Toutefois, elles sont rarement produites sur des bonsaïs.

Distribution géographique

L’orme de Chine est une espèce originaire des pays asiatiques : Chine, Corée, Vietnam, Inde, Taiwan et Japon.

Habitat

Zones de rusticité : 4 à 8 selon l’origine et la variété.

Variétés ou espèces similaires

Ulmus parvifolia ‘Sempervirens’ ou ‘Pendens’ : variétés d’orme de Chine les plus appropriées pour un bonsaï. Elles sont originaires des climats doux tel que le sud de la Chine ou le sud de la Californie, et montrent une tendance assez marquée à conserver leurs feuilles vertes toute l’année. Elles doivent cependant être considérées comme non rustiques.

Ulmus parvifolia ‘Catlin’ : cette sélection naturelle d’orme de Chine découverte à Los Angeles vers 1950 se trouve également das la catégorie des plantes à feuilles persistantes. Les ormes de Chine ‘Catlin’ retiennent leurs petites feuilles vertes lustrées pendant l’hiver et ne sont pas rustiques. Le tronc est généralement peu effilé. Il est rare de trouver un spécimen ayant un beau système racinaire. Leur croissance est lente sous notre climat, à l’extérieur comme à l’intérieur.

Ulmus parvifolia ‘Suberosa’ : cette variété à croissance très rapide forme dès l’âge de cinq ou six ans une écorce rugueuse ou liégeuse. Originaire du Japon, elle s’avère très rustique sous notre climat. Des spécimens de cette variété ont passé plusieurs hivers à Saint-Jovite (zone 4) en pleine terre sans aucune protection avec d’excellents résultats.

Ulmus parvifolia ‘Yatsubusa’ : également du Japon mais moins rustique, ce cultivar nain a le même port qu’un orme mature, mais en miniature.

Ulmus parvifolia ‘Hokkaido’ : ce cultivar du Japon possède les feuilles les plus minuscules (3 à 4 mm) de tous les cultivars et variétés d’orme de Chine. En été, ses branches ressemblent à des frondes de fougères et sont très susceptibles au dessèchement. Cette variété a peu de succès sous notre climat.

Ulmus parvifolia ‘Seiju’ : ce cultivar découvert en 1975 est issu de la mutation d’une branche de Ulmus parvifolia ‘Hokkaido’. Les feuilles mesurent de 5 à 8 mm de long, elles sont plus grosses que celles de la plante-mère, mais demeurent très petites. Cette variété croît rapidement et l’arbre possède une écorce très rugueuse dès un très jeune âge. Depuis peu, cette variété perd de sa popularité chez les amateurs de bonsaï en raison des grosses bosses qui se forment autour des blessures ou aux endroits vigoureux. Les cultivars ‘Seiju’ et ‘Hokkaido’ ne sont pas rustiques dans la région de Montréal et, même avec une protection hivernale additionnelle, les petites branches (et parfois tout l’arbre) peuvent dessécher rapidement.

Ulmus parvifolia ‘Pumila’ : ce cultivar possède des petites feuilles et un port en coussin. Il est peu fréquent en Amérique du Nord.

Ulmus parvifolia ‘Frosty’ : cet arbuste nain possède de petites feuilles bordées de blanc.

Ulmus parvifolia ‘Geisha’ : très similaire à ‘Frosty’, mais les marges des feuilles sont d’un jaune crémeux.

L’orme de Chine comme bonsaï

Les ormes de Chine s’avèrent d’excellents sujets pour des débutants parce qu’ils sont faciles à cultiver. Leurs feuilles épaisses tolèrent la sécheresse ou la faible humidité ambiante de nos intérieurs. De plus, des spécimens âgés et de bonne qualité provenant surtout de Chine et de Taïwan sont vendus commercialement à des prix abordables.

Emplacement estival

Placer les ormes de Chine à l’extérieur durant l’été. Un ensoleillement direct est préférable. Acclimater graduellement ou défolier les ormes qui ont été gardés à l’intérieur durant l’hiver.

Emplacement hivernal

Le choix du lieu d’hivernage dépend de l’origine ou de la variété de l’orme de Chine. Les spécimens originaires du sud de la Chine ou de Californie devront généralement être rentrés à l’intérieur avant la mi-octobre. S’ils n’ont pas perdu toutes leurs feuilles, il faut défolier l’arbre complètement, puis le placer soit dans une pièce fraîche (5°C à 13°C) en état de semi-dormance ou encore dans une pièce plus chaude (16°C à 22°C) pourvu qu’il ait une lumière adéquate (éclairage artificiel 16 heures par jour ou près d’une fenêtre bien éclairée face au sud ou au sud-ouest) pour assurer une pleine croissance.

Les ormes de Chine originaires du nord de la Chine ont généralement des feuilles qui rougissent et tombent à l’automne. Ces variétés doivent être gardées au frais à des températures légèrement au-dessus du point de congélation.

Les ormes de Chine originaires du Japon s’avèrent très rustiques dans notre climat, mais il est nécessaire de prendre les précautions habituelles : pot calé en pleine terre avec la partie aérienne recouverte d’un cône à rosier, ou autre, pour prévenir le dessèchement des jeunes ramilles. Notez que les variétés à petites feuilles, originaires du Japon, semblent être moins rustiques et doivent être traitées comme les ormes du sud de la Chine, mais sans jamais les garder dans une pièce surchauffée.

Arrosage

Les ormes de Chine doivent être arrosés fréquemment durant l’été, mais il faut laisser le sol sécher légèrement entre les arrosages. Attention de ne pas humecter le feuillage le soir.

Fertilisation

Les ormes requièrent beaucoup d’engrais et les jeunes spécimens doivent être fertilisés toutes les semaines pendant toute la saison de croissance.

Taille et pinçage

Pour former des jeunes ormes de Chine, il importe de se rappeler que leur vigueur est concentrée dans les parties supérieures de l’arbre, au détriment des branches inférieures. La cime de l’arbre et les branches du haut devront donc être taillées plus sévèrement et plus fréquemment.

Sur des spécimens plus âgés, enlever complètement les nouvelles pousses au moins deux fois au printemps, à la fin avril et à la mi-mai. Lors de la troisième taille, à la mi-juin ou à fin de juin, laisser de deux à trois feuilles sur chaque nouvelle pousse.

Défoliation

Lorsqu’ils sont âgés de quatre ou de cinq ans, les ormes de Chine possèdent habituellement une bonne ramification. Le processus de ramification peut être accéléré au moyen d’une ou de deux défoliations par été. Les feuilles devront être coupées, jamais arrachées, en laissant le pétiole et la partie inférieure de chaque feuille. Sept à neuf jours plus tard, l’arbre produira de nouvelles feuilles. La dernière défoliation doit toutefois être effectuée avant le début du mois d’août.

Ce pinçage et cette défoliation continus produiront une ramification entremêlée et touffue. Cela prive les branches intérieures de lumière, ce qui cause leur dépérissement et leur mort. Il existe trois solutions à ce problème. En juin ou juillet, les Japonais éclaircissent les branches entremêlées en ne laissant que de petites branches poussant vers l’extérieur, pour les fixer par la suite comme les doigts ouverts d’une main à l’aide de fil. Les méthodes chinoises consistent soit à réduire les branches pour former de minces silhouettes en forme de crêpes ou de galettes (École du Nord de la Chine), soit à éliminer la plupart des nouvelles pousses afin de mettre en vedette les courbures des branches (École Lignan du Sud de la Chine).

Ligature

La ligature sert surtout à former le tronc et les branches principales des jeunes spécimens d’ormes de Chine. Lorsque la forme de base est terminée, les branches sont habituellement formées uniquement par la taille. Toutefois, les extrémités des branches devront être ligaturées chaque année vers le bas. Puisque la croissance est vigoureuse et que les branches risquent d’être blessées par le fil en quelques semaines, il importe de faire attention.

Rempotage

De préférence, effectuer le rempotage tôt au printemps avant l’éclosion des bourgeons. Cependant, si le rempotage n’a pas lieu au cours de cette période, l’arbre peut être rempoté n’importe quand au cours de l’été, à condition d’être défolié et que le rempotage ait lieu au moins un mois avant le premier gel.

Les ormes réagissent bien aux rempotages. Ils possèdent plusieurs racines de surface qui vont dans toutes les directions et qui peuvent être taillées sévèrement. Enlever les racines trop grosses ou épaisses ainsi que les racines longues et minces comme des ficelles qui tournent en spirales à l’intérieur du pot. Les jeunes spécimens doivent être rempotés tous les ans. Les arbres de plus de 20 ans peuvent être rempotés tous les deux ans.

Substrat

Le type de sol importe peu pour cet arbre. Par contre, il lui faut un sol bien aéré, riche et humide. Il peut également tolérer une vaste échelle de pH, conditions acides ou alcalines.

Consulter le « Tableau de rempotage » et utiliser les proportions pour les feuillus.

pH idéal : 6 à 6,5

Maladies

Les ormes de Chine résistent à la maladie hollandaise de l’orme, mais n’y sont pas immunisés. Ils sont cependant sujets à un très grand nombre de maladies nécrotiques.

La maladie la plus répandue chez les ormes de Chine cultivés au Québec est la tache de l’orme (Gnomia ulmea). De petites taches noires apparaissent sur la surface des feuilles. Ces taches s’élargissent, les feuilles jaunissent et tombent. Dans les cas sévères, les extrémités des pousses noircissent et meurent. Plus rarement, des branches majeures peuvent être atteintes et l’arbre entier peut mourir. Le seul remède efficace pour traiter cette maladie est la vaporisation d’un fongicide à base de cuivre, tel que Ferban WDG, Zineb 80WP ou Cuivre Fixe. Les ormes atteints devront être traités chaque semaine ou aux deux semaines au printemps et à l’automne. Puisque cette maladie peut persister dans les bourgeons durant l’hiver, les traitements doivent être répétés tôt au printemps, lors de l’éclosion des bourgeons. Cette maladie se propage durant les périodes humides et pluvieuses ainsi que pendant les périodes de fortes rosées. Il est donc recommandé de faire des traitements préventifs pendant ces périodes.

Insectes

Les ormes sont très sujets aux déprédations des acariens (araignées rouges), surtout lorsqu’ils sont cultivés à l’intérieur. Les vieilles feuilles exhibent une couleur jaune ou tachetée et des nouvelles feuilles tombent soudainement. Il est nécessaire de traiter un minimum de trois fois à un intervalle de quatre à cinq jours, avec un acaricide (pesticide spécifique aux acariens) tels que Kelthane (Dicofol), Malathion ou Diazinon. Les ormes sont également sujets aux attaques des pucerons noirs au printemps et en été. Des traitements préventifs peuvent s’avérer nécessaires. Vérifier les infestations de kermès ou de cochenilles à carapace. Les vieux spécimens d’ormes ayant une écorce rugueuse ou ligneuse sont occasionnellement sujets aux attaques des tordeuses (à l’extérieur de Montréal). Ces insectes pondent leurs oeufs sous l’écorce et les larves se nourrissent du cambium. Malheureusement, lorsque les effets se manifestent, des branches ou des parties entières de l’arbre auront dépéri et il est souvent trop tard pour traiter. La solution consiste à vaporiser ou à arroser l’arbre avec un insecticide systémique tel que le Cygon 2E ou l’Orthène. Autrement, les ormes de Chine résistent bien aux mineuses qui ravagent fréquemment les ormes de Sibérie et les zelkovas.

Multiplication

Les ormes de Chine sont facilement propagés à partir de semis, par bouturage ou par marcottage. Les semences germent sans période de froid, mais une stratification de 30 à 60 jours accélère et synchronise la germination.

Des boutures de bois semi-aoûté prélevées durant les mois de juin ou juillet s’enracinent en un mois. Des branches mesurant jusqu’à 3 cm de diamètre, prélevées pendant la période de dormance, peuvent également s’enraciner lorsque les conditions idéales sont présentes : chaleur de fond et système de brumisation.

Le bouturage de racines de la grosseur d’un crayon a un taux de succès de près de 100 %, à condition qu’on laisse quelques radicelles à leur base. Des racines mesurant jusqu’à un mètre de longueur peuvent également s’ancrer si la partie aérienne est emballée de mousse de sphaigne à longues fibres pour conserver l’humidité.

Rédaction : David Easterbrook – révision 11-2014

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