Les pucerons

Qui n’a jamais vu de pucerons? Qui ne les connaît pas, du moins superficiellement? Car ils colonisent souvent nos jardins ou les grandes cultures. La plupart du temps, quand on les découvre, ils forment des colonies grégaires de dizaines, voire de centaines d’insectes si serrés les uns contre les autres qu’on discerne seulement leurs arrière-trains.

colonnie de pucerons    Pucerons

Ils sont très petits, c’est-à-dire entre 1 et 10 millimètres. Leurs corps en formes de poires sont mous, avec ou sans ailes et, selon l’espèce à laquelle ils appartiennent, peuvent être verts, jaunes, bleutés, rouges, bruns, gris, noirs ou blancs.

Leur distribution est mondiale bien que le plus grand nombre d’espèces s’observe dans les zones tempérées où 1 espèce de plante sur 4 est leur hôte . Ils sucent la sève de divers types de végétaux (arbres, arbustes, plantes herbacées) et s’alimentent sur le feuillage, sur la tige, sur les racines, ou à l’intérieur d’une galle ou d’une feuille repliée.

Même si certains pucerons sont polyphages, la majorité d’entre eux sont fidèles à un ou deux hôtes uniques ou de la même famille. Le nom de l’hôte sur lequel un puceron est observé est un élément essentiel à la détermination. Les plantes les plus sollicitées par les pucerons sont les Composées (605 espèces de pucerons), les Conifères (363), les Rosacées (293), les Graminées (242), les Salicacées (ex. saule, peuplier) (216) et les Fagacées (ex. chêne, hêtre) (211) .

La présence de fourmis autour d’une colonie de pucerons révèle souvent leur présence. Celles-ci les protègent de certains prédateurs et en échange se nourrissent du miellat que les pucerons rejettent par l’anus. Mais certains insectes, notamment les larves de coccinelles et de syrphidés, les dévorent tout simplement. D’autres, comme les guêpes de la famille des Braconidae, les parasitent en pondant leurs œufs à l’intérieur du puceron vivant. La larve se développe dans le puceron momifié jusqu’à l’émergence au stade d’adulte.

La méthode de reproduction des pucerons est absolument fascinante. Au printemps, les œufs éclosent et donnent vie à des femelles
qui n’ont pas besoin de s’accoupler pour se reproduire. Ces fondatrices sont vivipares et accouchent de femelles pucerons, elles aussi vivipares et prêtes à donner la vie sans fécondation préalable. Plus encore, à ce stade de son cycle de vie, une femelle peut porter un embryon femelle qui porte également un embryon. Le petit puceron est dans le ventre de sa grand-mère ! On parle alors de générations télescopiques. Ce n’est qu’à la fin de l’été qu’une génération d’adultes sexués est produite. Après l’accouplement la femelle ovipare pond des œufs qui hiverneront jusqu’au printemps suivant.

Même s’ils sont omniprésents, les pucerons comptent relativement peu d’espèces, soit environ 4 700 mondialement et 425 au Québec. Par comparaison, il y a 60 000 charançons et 10 000 espèces d’orthoptères mondialement. Plusieurs classifications sont proposées par les chercheurs car leur organisation taxinomique ne fait pas l’unanimité. Pour les Aphidoidea, c’est celle du Catalogue de Remaudière, paru en 1997 qui est présentée ici.

Les pucerons qui ont été photographiés et qui apparaissent sur ce site ont été déterminés sur la base de spécimens capturés et envoyés à monsieur Éric Maw (Agriculture et Agroalimentaire Canada) ainsi qu’au projet de code-barres du vivant, pour qu’en soit faite l’analyse moléculaire.

 

Bonne visite!

Claude Pilon

 

Puceron

Le site a été mis en ligne en août 2009. http://entomofaune.qc.ca/entomofaune/Pucerons/Index_Pucerons.html
N’hésitez pas à me faire parvenir vos commentaires ou suggestions à cette adresse de courriel : claudepilon____cooptel.qc.ca
(remplacez le soulignement par @).

 

Lutter contre les pucerons

Insecticide systémique ou de contact ?

Si les pucerons sont bien visibles, vous pouvez employer un insecticide dit “de contact”, qui comme son nom l’indique agit s’il touche l’ennemi.

Mais souvent les pucerons se logent sur le revers des feuilles ou même provoquent l’enroulement de ces dernières comme pour mieux s’abriter. Il faut alors recourir à un insecticide systémique qui, en pénétrant la plante et en étant véhiculé par la sève, empoisonnera les pucerons trop gourmands.

Il existe dans le commerce une large gamme de produits, certains étant fabriqués à base d’insecticides chimiques, d’autres étant naturels. Les produits chimiques ont fait leurs preuves, et sont utilisés depuis de nombreuses années. Les produits naturels sont plus récents, mais sont aussi très efficaces. Si vous voulez vous épargner les produits du commerce, voici
quelques recettes.

Faites macérer la moitié d’un paquet de tabac à rouler dans un litre et demi d’eau durant trois ou quatre jours. Ensuite, filtrez le mélange et vaporisez-le sur les feuilles des arbres contaminés. Ou, procurez-vous 30 gr de savon noir, comme celui vendu dans les
boutiques de produits du Moyen-Orient. C’est un genre de pâte à base de pulpe d’olives noires et de paillettes de savon. Diluez-le dans un litre d’eau chaude et vaporisez vos bonsaïs. Vaporiser d’abord sous les feuilles et sur les tiges, puis sur les feuilles et les fleurs. Si l’envahissement est très avancé, il est préférable d’ajouter une petite cuillère d’alcool à brûler à ce mélange. Aussi très efficace contre les araignées rouges.

Ou encore, faites bouillir 150 gr de savon de Marseille dans un litre d’eau, ajoutez-y 100 ml d’huile. Diluez dans 10 litres d’eau et pulvériser vos plantes, de préférence le matin car le soleil pourrait brûler les feuilles huilées.

Une dernière préparation efficace et écologique est obtenue en faisant macérer un kilogramme de feuilles d’ortie hachées dans 10 litres d’eau puis diluez vingt fois.

Sachez également que, bassiner les plantes contaminées aide à se débarrasser des pucerons : ils n’apprécient pas la douche infligée, et essaient de s’échapper. Enfin, vous pouvez également lâcher une horde de coccinelles dans votre jardin ; elles iront se régaler de tous ces pucerons : une technique radicale et parfaitement écologique en extérieur !

Que les préparations soient chimiques ou naturelles, il ne faut pas conserver les solutions insecticides. Leur efficacité décroît très rapidement, donc videz arrosoir et pulvérisateur après usage. Dédiez un pulvérisateur aux insecticides, ou bien rincez ce dernier abondamment avant de vaporiser autre chose sur vos arbres.

 

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