Yamadori pour les nuls par Paul Laurendeau
Les arbres de cueillette ou Yamadori sont très intéressants car ils peuvent devenir de très beaux bonsaïs, s’ils survivent. Pour un novice de la cueillette, comme moi, savoir quoi faire et quand le faire, n’est pas toujours évidant. J’ai trouvé un tableau de François Jeker résumant les tâches à effectuer et indiquant quand et pourquoi les effectuer. J’ai résumé plus bas ce tableau mais avant, je voudrais partager les conseils que m’ont donnés certains connaisseurs, pour prélever ces arbres.
Tout d’abord, il faut prendre le temps de bien choisir l’arbre. Il doit avoir une forme intéressante, mais surtout il doit être assez vigoureux pour supporter le choc, et pouvoir être prélevé sans trop de dommage aux racines. S’il est trop coincé dans la roche, on le laisse là. Il a beau être très joli, il ne le sera plus si on le tue pour le sortir. Le feuillage doit être assez fourni et ne doit pas être trop loin du tronc pour éviter d’être obligé de faire des acrobaties avec les branches pour le rapprocher du tronc.
Si l’arbre est dans une cuvette, tant mieux, on prend toute la motte. Si non, on prend la plus grosse motte possible en prenant soin d’avoir des radicelles. Cette motte doit rester le plus stable possible. Il faut donc bien la ficeler dans de la jute. (On peut aussi prendre des sacs de plastic et du ruban fort.) L’important, c’est que cette motte ne se défasse pas lors du transport afin de préserver les radicelles.
Parlant de transport, c’est la partie délicate et exténuante du périple, dépendamment du relief évidemment. En montagne, il est très pratique de pouvoir avoir l’usage de ses deux mains. Certains arbres peuvent être assez gros (on se laisse facilement emporter) et pénible à descendre à bras-le-corps. Je n’ai pas suivi le conseil de Johanne Lafontaine, et je l’ai regretté. Ce conseil était de me servir d’une structure de métal de sac à dos pour transporter les arbres. On peut y fixer un gros arbre ou quelques petits. Ça répartit la charge et facilite la descente.
C’est ce que je ferai la prochaine fois, c’est sûr.
Il faut les rempoter assez rapidement dans du substrat bien drainant. N’oubliez pas de les fixer dans vos boîtes afin, encore une fois, de ne pas endommager les radicelles lors des manipulations.
La première année, on n’y touche pas. On se contente de les arroser, de les fertiliser et de les étudier pour définir un projet.
À partir de la deuxième année, tranquillement, à petite dose, on peut commencer certaines tâches. On gagne ainsi au moins deux ans, ce qui n’est pas négligeable. Si votre arbre est assez vigoureux vous pourrez effectuer sa première mise en forme après trois ans. La hâte est risquée ; il vaut mieux être patient. Mais pas trop tout de même car certains défauts doivent être corrigés assez rapidement. Comme dit François Jeker, il faut se hâter lentement.
Voici le tableau des tâches préconisées par François Jeker.
Quoi | Quand | Pourquoi | Comment |
Bois mort | 2ième année | Gagner du temps sur la patine et obtenir plus vite un beau cal de cicatrisation |
Ôter les parties pourries et fragiles des bois morts existants et les traiter au liquide à Jin. Créer le bois mort sur le bois vif. Ne pas les traiter au liquide à Jin. (attendre quelques années) |
Sélection des branches |
2ème année, répartir la tâche sur deux ans |
Concentrer l’énergie sur les branches utiles |
Les grosses branches peuvent être raccourcies. On peut les couper complètement la 3ième année. On peut en garder un bout pour faire des Jin. |
Orientation des branches |
2ième année, répartir la tâche sur deux ou trois ans |
Donner une orientation homogène aux branches |
Haubaner les grosses branches. Pour une forte inclinaison, travailler sur deux ou trois ans, en renforçant la traction des haubans lentement |
Taille des branches |
2ième année | Compacter la végétation, donner des mouvements naturels |
Raccourcir les branches. |
Taille des nouvelles pousses |
2ième année | Préparer la ramification et équilibrer la croissance |
Supprimer les nouvelles pousses sur les branches inutiles. Pincer fortement les pousses en bout de branche et de la cime. (Pas valable pour les genévriers et les pins) Laisser pousser sur les branches basses et à l’intérieur des branches utiles |
Ligature | 2ième année ou 3ième année |
Stimuler la croissance de certaines parties |
En écartant la végétation, chaque bourgeon bénéficiera de la lumière. |
Orientation du tronc |
2ième année | Préparer le changement d’orientation du tronc sans toucher aux racines |
Caller sous le pot, des morceaux de bois pour obtenir la bonne orientation. L’arrosage nivellera la terre. |
Conicité du tronc |
2ième année | Améliorer la conicité |
Supprimer la cime initiale et en reconstruire une nouvelle avec une branche inférieure. Il faut parfois reconstruire l’arbre en entier avec une seule branche.Chaque année, retirer une couche de substrat jusqu’à ce que les grosses racines soient visibles. Ne dévoiler que la moitié supérieure. |
Nébari | 2ième année et les suivantes | Préparer la formation d’un bel enracinement |
Raccourcir les racines trop longues la 3ième année, en gardant des radicelles près du tronc. Peigner les radicelles de surface en étoile autour du tronc. Pour développer des radicelles, creuser des trous de 3 à 4 cm dans la motte originale et les remplir de substrat additionné d’engrais. |
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